Anorexie

Je vais vous parler d’une vielle amie. Amie même si pendant des années, elle a tenté de me faire disparaître, de donner raison à cette sensation de ne pas être à ma place, de ne pas être aimée pour ce que je suis.
Une amie toxique, envahissante. Elle a prit beaucoup de place durant de nombreuses années.
Elle m’a fait porter le poids de la culpabilité de vivre. Elle m’a conduit à l’autodestruction.
L’envie de disparaître, l’envie de m’effacer, l’envie de me faire du mal.
Mon corps disait : « je n’ai plus le goût de vivre, le voyez vous? »
Le miroir me renvoyait une image difforme à ce qu’était la réalité. La balance mentait, elle avait un problème de chiffres.
Prendre des douches très chaudes pour s’envelopper de chaleur, une douce sensation réconfortante mais c’était surtout une manière d’embuer le miroir pour ne pas voir ce que je devenais.
Les vêtements devenaient trop grands, cette amie si intelligente et vicieuse me sortait toujours les vêtements camouflages comme j’aime les appeler.
Avec le temps, on l’aime cette amie, ou plutôt on s’y habitue.
-10, -15, -20, -25 kilos. J’ai cru me délester d’un poids, pourtant mes épaules sont devenues plus lourdes jusqu’à me courber, mes jambes avaient du mal à me porter, bizarrement. Quel paradoxe, n’est-ce pas?
Cette amie s’appelle Anorexie, et elle m’a pesée lourd, jusqu’au jour où je me suis posée cette question. Pourquoi? J’ai eu besoin de comprendre cette envie inconsciente de disparaitre. Abandon, rejet, ne pas être aimée, ne pas trouver sa place, se sentir sale, impuissante. Les causes sont propres à chacun.
Anorexie, si douce dans sa toxicité, un poison qui coule langoureusement. Elle a été ma punition pour des choses dont je ne suis pas coupable. Je suis seulement responsable de lui avoir laissé tant de place.
Je lui ai dit au revoir, elle ne m’y reprendra plus.
Je finirais par ces quelques mots.
Avant de juger une personne, mettez ses chaussures et empruntez le chemin qu’elle a parcouru.
Le corps dit ce que nous n’osons pas exprimer. L’anorexie est un mal bien profond. Le Mal A Dit.

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